Rencontres Congolaises – Bruxelles


Argumentaire

La deuxième édition des “rencontres congolaises” est consacrée au thème de la mobilité ainsi que vécue et racontée par les artistes congolais et des gens ordi- naires. À partir des ?uvres réalisées au cours de la ré- sidence d’artistes Vivre sur le seuil. Rencontres congo- laises (Cosenza, 17-31 mai 2018), et des témoignages des étudiants et des associations de la diaspora congo- laise en Belgique, les rencontres visent à explorer les imaginaires de la réussite et la capacité d’imaginer l’avenir.

Si le fil rouge qui nous a conduit au cours de la pre- mière édition était le concept de « seuil », entendu comme des lieux, des pratiques, des identités de fron- tière qui se déploient tout au long de limites (in)infranchissables (géographiques, culturelles, linguis- tiques, sociales, urbaines), associé aux expériences de mobilité, cette deuxième rencontre met au centre du débat le concept de « multiplicité » des parcours de mobilité. Contre les lectures univoques des migra- tions, essentiellement basées sur les principes de l’unidirectionnel (du Sud vers le Nord) et de la hiérar- chie légale (qui a droit à quoi et selon quelle priorité), Vivre la mobilité, imaginer la réussite propose un mo- dèle à « rhizome » selon lequel les parcours de mobilité évoluent en permanence, dans toutes les directions et, le plus souvent, dénués des contraintes imposées par les institutions. D’où la nécessité de suivre les mul- tiples directions empruntées par les sujets en situa- tion de mobilité, y compris celle du retour au Congo.

En effet, dans les expériences des congolais de la diaspora, il a été montré que l’imaginaire de la réus- site en Europe (ou plus largement en Occident), il est le pendant d’un horizon d’attente dont l’élément spécu- laire consiste dans l’espoir du retour (réel ou symbo- lique) au Pays. Cette dynamique signale, d’une part, le caractère circulaire/bidirectionnel propre aux «chaines migratoires », ainsi qu’étudiées dans beaucoup d’autres contextes ; de l’autre, la spécificité du cas con- golais réside dans des « parcours de mobilité » nour- ris par une conception du monde comme espace « glo- bal », « universel », à vivre à l’instar d’un lieu sans limi- tations géographiques ou des confins politiques.

Les expériences de vie et les horizons d’attente des congolais en situation de mobilité, nous invitent donc à réfléchir sur l’idée de « retour » non pas comme destination conclusive d’un parcours linéaire mais, plutôt, comme l’une des options possibles dans un réseau de mobilité qui suit une évolution à rhizome. Ainsi conçue, l’idée de retour se rapproche à l’idée de « restitution»: la restitution aux contextes sociaux d’où l’on est parti d’un capital matériel, symbolique et politique accumulé en contexte diasporique.

L’idée de réussite, souvent entendue comme succès individuel, est déclinée dans cette édition aussi comme idée de partage des expériences de vie (par exemple

un voyage au Congo, ou un voyage des parents et amis congolais en Belgique); une idée donc d’inclusion qui concerne la dimension des rapports interperson- nels, de groups et qui inclut des parcours résultant de dynamique d’échange et rencontre, donc d’expérience, idée, « restitutions » sur un terrain d’action et itinéraires entre Europe et Afrique.

Donc l’idée de réussite est vue dans sa polyvalence, comme évolution des relations entre les individus et leurs familles, des réseaux amicaux ou d’intérêt. La ré- ussite n’est donc pas liée à la seule dimension indivi- duelle de l’affirmation économique et sociale ; elle peut se conjuguer à la dimension des relations sociales, aux occasions de rencontre en situation diasporique et au Congo. On pense, par exemple, aux voyages fréquents des congolais de la diaspora aux lieux d’origine au pays, accompagnés par les enfants nés en Europe ; ou encore au voyage en Europe des parents. Il s’agit soit de voyages visant la connaissance ou encore des voyages dans le parcours de mobilité, pour un court sé- jour ou comme choix migratoire définitif. La réussite se- rait aussi liée à l’idée de créer des relations amicales en Europe ou encore des associations de la diaspora ; des lieux, des évènements, des rencontres, ou encore l’affirmation d’espaces sociaux de l’identité congolaise dans les villes européens (on pense au quartier Maton- gé à Bruxelles) et aux succès des initiatives des asso- ciations congolaises dans le monde (en Belgique, les associations actives dans le siège de la maison africaine de Kuumba ; ou encore l’association congolaise de Strasbourg ; ou encore les associations congolaises en Afrique du Sud). La réussite serait, enfin, le regroupement familial par l’arrivée des membres de famille du Congo ; et encore l’importance des résultats des initiatives de communication et d’échange avec le Congo, qui peuvent se nouer sur internet et sur les réseaux sociaux.

Mobilité et réussite ne sont pas des dynamiques qui concernent uniquement les gens. Comme il a toujours été, la mobilité concerne autant les êtres humains que les objets et les idées. Ainsi, à l’instar de la première édition, dans cette deuxième édition des Rencontres,lafocale des journées d’étude/tables rondesseraorientée au récent débat sur la circulation des ?uvres d’art d’artistes congolais et au thème de la restitution du patrimoine culturel africain gardé dans les musées, les archives et les bibliothèques européens. Le cas du Mu- sée Royal de l’Afrique central de Tervuren (Bel- gique), après la réouverture en décembre 2018, est un exemple qui a provoqué un débat animé et marque un retour des questions controverses au sujet de la mémoire belgo-congolaise. À ce propos, deux questions feront l’objet de discussion ; en premier lieu, le débat autour de la restitution au Congo des ouvres conservées dans le musée belge ; en deuxième lieu, certains aspects de la rénovation du Musée après la réouverture en décembre 2018. Àcepropos, il est intéressant réfléchir sur l’exposition, et l’emplacement, d’un grand nombre de peintures populaires congolaises dans les

espaces du Musée. Cela à signaler l’importance de ce secteur de l’art congolais (et africain), dans le passé peu considéré, en tant que véhicule d’une modalité narrative à elle propre.

Comme dans la première édition des Rencontres, cette deuxième édition porte une attention particulière sur le rapport entre individus, communautés (d’origine et de la diaspora) et associations. L’évènement vise à stimuler un dialogue à plusieurs voix entre artistes, gens ordi- naires, membres des associations de la diaspora con- golaise en Belgique et étudiants des écoles secon- daires. Pour ce qui concerne ces derniers, un con- cours de production artistique sera organisé. Le concours consiste en une élaboration d’un travail ex- pressif portant sur l’idée/imaginaire du Congo, leurs re- lations à distance avec le Pays, l’idée de réussite et de partage/retour/restitution dans des dynamiques qui lient l’Europe (la Belgique) et l’Afrique (le Congo).

  • Le projet PRIN-MIUR 2017-2020

Le Ministère de l’Éducation, de l’Université? et de la Re- cherche du gouvernement italien, MIUR en sigle, a oc- troyé? en février 2017 un financement au projet de re- cherche “Mobilité?-stabilisation. Représentations congo- laises et dynamiques sociales, au Congo et dans le monde”, en le reconnaissant « Projets de recherche d’intérêt national ».

Le projet propose une enquête transdisciplinaire (his- toire, anthropologie, linguistique, littérature) portant sur les dynamiques de déstructuration et reconfiguration politique, sociale et culturelle en RD Congo et des rami- fications de ces dynamiques à travers la mobilité? des congolais dans le monde.

Le projet de recherche (2017-2020) a été proposé par quatre unités de recherche : Università della Calabria (responsable national de la recherche Rosario Giorda- no), Università degli Studi di Milano (responsable Silvia Riva), Università degli Studi di Napoli L’Orientale (res- ponsable Flavia Aiello), Université de Lubumbashi (res- ponsable Donatien Dibwe dia Mwembu).

D’un point de vue méthodologique, le projet propose uneapproches’inspirantducourantd’étudesdel’«his- toire immédiate ». Ce dernier a produit, les dix der- nières années, une expérience partagée de travaux et d’étudesautourdu«ProjetMémoiresdeLubumbashi» dont les piliers méthodologiques sont la confrontation de la culture « savante » à la culture « populaire » et la collaboration entre chercheurs européens, nord- américainsetcongolais.LesacquisduProjetMémoires de Lubumbashi sont le point de départ du présent pro- jet de recherche qui vise à les élargir par des nouvelles études et collaborations. Les résultats attendus sont des publications académiques et à diffusion de grand public dans plusieurs langues (swahili, français, italien, anglais). Le but de ces publications est de mettre en exergue l’importance et les caractères hybride et extra- verti de la culture congolaise contemporaine, audouble

sens de pratiques culturelles et de signification symbo- lique du monde tout comme de production artistique. Un tel objectif est poursuivi, d’une part, par la création d’archives numériques ouvertes (open-access) et par les publications dans des réseaux académiques conso- lidés ; de l’autre par la publication et la diffusion, au Congo et en Europe, de matériaux pédagogiques sur l’histoire, la culture et les modes de vie contemporains en RDC et dans la diaspora.

  • La Ière édition des rencontres congolaises (Cosenza, Italie 2018)

« Vivre sur le seuil. Rencontres congolaises » (Cosen- za, 17-31 mai 2018) a mélangé des aspects cultu- rels/grand public et un intérêt scientifique. Auprès des

« BoCs Arts » de Cosenza, Christian Tundula, photo- graphe congolais, a exposé les résultats de l’enquête visuelle sur la migration conduite dans le Sud d’Italie. L’expo photographique a été le point de départ pour une résidence d’artistes de deux semaines à laquelle ont participé 15 artistes congolais. Ils ont, chacun par son art, exploré les thèmes de la mobilité, du « seuil », de la réussite.

Les ouvres d’art réalisées au cours de la résidence d’artiste ont été le terrain commun sur lequel des séances de discussion et des tables rondes ont été organisées à l’Università della Calabria (24 et 25 mai 2018). Les chercheurs des unités de recherche du projet PRIN ont ainsi dialogué avec les artistes présents. Un numéro spécial de la revue Africa e Mediterraneo, est consacré à la résidence artistique de Cosenza : sous la dir. de S. Federici, R. Giordano, E. Quaretta, Bologne, n. 90, 2019.

Congo Reussite

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