The Day After

Christian Tundula

Exposition 18 – 31 Mai 2018 (BoCS ART – Cosenza)

Au cours de mes séjours en Italie, à Cosenza, à Messine et à Naples, j’ai rencontré de nombreuses personnes de nationalités différentes. Des gens qui ont émigré sur une très longue période : certains depuis une trentaine d’années, d’autres au cours des dernières vagues migratoires. J’ai essayé d’investir mon temps et mon énergie pour écouter leurs histoires, leurs expériences et les souvenirs de leur voyage vers l’Italie. Beaucoup d’entre eux gardent intacts les souvenirs de leur voyage, d’autres insistent, dans leurs récits, sur leurs attentes pour l’avenir. En tant qu’artiste visuel, j’utilise la photographie comme un moyen pour m’exprimer et pour réécrire les histoires des autres de manière à rendre compréhensibles des expériences de vie difficiles à communiquer. Mon travail est fondé sur les souvenirs personnels des gens que j’ai écoutés et à qui j’ai parlé pendant des heures et des heures durant cinq mois. Je leur dédie ce travail. Je dédie également ce travail à mon peuple, victime de conflits ethniques provoqués par la manipulation politique, opprimé par les difficultés économiques, les formes actuelles de néocolonialisme, l’impérialisme et les formes contemporaines d’esclavage. Au-delà des souvenirs, mon travail est une interprétation, une ombre, une fantaisie qui imprègne chaque instant des histoires autobiographiques que j’ai écoutées en Italie. Mon inspiration vient des histoires que j’ai récoltées dans mon carnet de voyage : des histoires dont émergent des obsessions, du désespoir, de l’espoir, de l’isolement, de la discrimination… que les gens croisent au long de leur parcours.

«The Day After» se compose de photographies en noir et blanc. Je les ai faites avec mon Nikon F4 avec un objectif 35 mm. Je ne sais pas si elles sont de simples photographies, des compositions ou des installations photographiques. Mes photographies deviennent une matière que je travaille manuellement et à laquelle je donne une forme. Par l’imagination et l’interprétation, je crée l’image. Après avoir développé les photographies, je les découpe et les recompose pour en faire une représentation de ce que j’imagine et de ce que je vis en ce moment. Je les retravaille ensuite à l’encre de Chine que j’applique au résultat final.

Christian Tundula

Note biographique:

Né le 30 août 1978 à Kinshasa, Christian Tundula a obtenu en 2006 le diplôme en communication visuelle à l’Académie des beaux-arts de Kinshasa. Il a ensuite terminé ses études à l’Université des Arts Décoratifs à Strasbourg, en France. Actuellement il vit et travaille en République démocratique du Congo et à Bruges.En quinze ans de carrière professionnelle, il a réalisé de nombreux projets artistiques, souvent en Afrique. Il a été en résidence d’artiste à la Fondation Blachère et exposé ses oeuvres à la douzième édition de la Biennale de Dakar, au Sénégal, l’une des plus anciennes biennales d’Afrique. En 2012, il a exposé au musée du Quai Branly à Paris pour la deuxième biennale de Photoquai. À l’occasion du cinquantième anniversaire, il a participé à l’Africa Re-imagination Creative Hub Developing the Identity, Heritage, Arts and Culture organisé par ARCH/Agenda 2063 auprès de l’Union Africaine en Ethiopie. Enfin, il a participé aux Rencontres de la photographie panafricaine de Johannesburg. Le travail de Christian Tundula se compose de deux dimensions principales: d’une part la dimension artistique et expérimentale; d’autre part la documentation. Dans un travail récent, intitulé Heart of Darkness, il essaie de représenter un voyage autobiographique dans les profondeurs de sa personne, où s’entremêlent réalité et imagination. Dans Street Journey, il a reproduit une série de panoramas mettant l’accent sur le voyage des enfants de la rue dans les mégalopoles africaines. Cette série est la représentation de plusieurs voyages qui, après tout, représentent également son parcours personnel et son interprétation de notre société contemporaine. La dimension de la documentation est orientée vers la vie urbaine des villes africaines, telles que Kinshasa, la ville où il a grandi. En particulier, Tundula représente, de manière non conventionnelle, la mobilité et les difficultés socio-économiques de la plupart des habitants de la capitale congolaise. Ces deux derniers travaux ont inspiré la recherche visuelle que Christian Tundula a menée dans le cadre du projet PRIN « Mobilité-stabilisation. Représentations congolaises et dynamiques sociales, au Congo et dans l’espace mondial », et que lui a permis de réaliser l’exposition The Day After.


Puisque l’humanité importe, la photographie de Christian Tundula dirige notre regard à ces aspects du quotidien qui échappent au regard pressé. Ses images nous rendent attentifs aux expériences humaines mas quées par leur apparente banalité. Notre guide, c’est le migrant. Torse et pieds nus, valise à la main, il vient de n’importe où. Ignore-t-il sa destination, ne cherchait-il qu’à partir, à rompre les amarres, à être libre puisqu’en mouvement ? Son corps est recouvert du blanc, est-ce du kaolin ? Le blanc plutôt que le noir est couleur de deuil là où Christian Tundula a grandi. Est-ce notre guide en deuil du monde qu’il a quitté ou déjà en deuil du monde qu’il espérait atteindre, mais qui lui refuse la présence ? Se serait-il métamorphosé en homme-statue ? Quel paradoxe pour celui qui a affronté tous les dangers pour être mobile ? Serait-il jetable comme ce mannequin qu’il tient dans ses bras ? Formeraient-ils un couple ? Ses pieds nus côtoient les formes de chaussures, sa main en tient une dans un geste imposant la contemplation. S’agit-il de rendre présente la mémoire des chaussures absentes et ainsi rendre audibles les multiples mémoires d’un voyage qui ne peut pas aboutir ? Voici, formes de chaussures inutiles, puisque personne n’en confectionne, mannequin abandonné, faute des vêtements à exposér, homme-statue en deuil du mirage de sa mobilité. Christian Tundula lui donne présence et parole. Ce corps enduit du kaolin est entouré d’objets hors d’usage qui témoignent des expériences d’hommes et de femmes. Le message est construit une mémoire à la fois, chacune est portée par un témoin.

umanità conta, e la fotografia di Christian Tundula dirige i nostri occhi verso gli aspetti della vita quotidiana che sfuggono allo sguardo frettoloso. Le sue immagini ci rendono attenti alle esperienze umane mascherate dalla loro apparente banalità. La nostra guida è il migrante. Torso e piedi nudi, valigia in mano, arriva da qualsiasi luogo. Ha ignorato la sua destinazione, ha cercato solo di andarsene, di rompere gli ormeggi, di essere libero in quanto in movimento? Il suo corpo è coperto di bianco, è caolino? Dove Christian Tundula è cresciuto, è il bianco e non il nero il colore del lutto. È la nostra guida nel lutto del mondo che ha lasciato o sta già piangendo il mondo che sperava di raggiungere, ma che rifiuta la sua presenza? Si sarebbe tramutato in un uomo-statua? Quale paradosso per chi ha affrontato tutti i pericoli per essere mobile? Sarebbe da buttare come il manichino che tiene tra le braccia? Formerebbero una coppia? I suoi piedi nudi sono accostati a forme per le scarpe, la sua mano ne tiene una in un gesto che impone la contemplazione. È per rendere presente il ricordo delle scarpe mancanti e quindi rendere udibili le memorie molteplici di viaggi che non possono avere successo? Qui ci sono forme per le scarpe, inutili dal momento che nessuno ne sta producendo, un manichino abbandonato, per mancanza di abiti da esporre, un uomo-statua in lutto per il miraggio della sua mobilità. Christian Tundula gli dona presenza e parola. Questo corpo ricoperto di caolino è circondato da oggetti fuori uso che riflettono le esperienze di uomini e donne. Il messaggio è costruito una memoria alla volta, ciascuna chiamata come testimone.

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